Allégations contre les Forces canadiennes - Annexe I

Annexe I :Note de service datée du 9 juillet 1996

NOTE DE SERVICE

Le 9 juillet 1996

CMDTA CFT QG

RÉVÉLATIONS EMBARRASSANTES À PROPOS DU CCEFTC

Mon souci de la réputation des FC et les responsabilités qui m'incombent en tant que membre de la catégorie G5, m'imposent de porter à votre attention les incidents suivants, et ce, avant qu'ils ne viennent aux oreilles du grand public.
 

Dans la soirée du vendredi, 3 mai 1996, j'ai aperçu le colonel Labbé frottant le dos d'une des employées de Fort Frontenac. On lui avait donné congé ce soir-là, afin que, avec le reste du personnel du mess des officiers de Fort Frontenac, elle puisse se joindre aux étudiants du cours 9601 qui avaient organisé un 5 à 7 pour remercier tout le personnel de son soutien.
 

Plusieurs semaines plus tard, j'ai parlé à cette même femme; je l'ai emmenée à l'écart et lui ai posé des questions sur l'incident mentionné plus haut. Elle a affirmé qu'elle avait souvent peur du colonel Labbé lorsqu'elle travaillait durant les soirées organisées au mess des officiers de Fort Frontenac. Elle a ensuite ajouté qu'en fait, elle se joignait souvent au groupe le plus nombreux, ce qui lui donnait l'impression d'être plus à l'abri des avances du colonel Labbé (ce qu'elle a aussi fait le soir de cet incident). Elle a également ajouté que si je (capitaine Poulin) me sentais mal à l'aise face au comportement du colonel Labbé ce soir-là (mai 1996), ce n'était rien en comparaison des gestes posés par le colonel Labbé à son endroit lors de la fête de Noël, en décembre 1995.
 

La femme en question a mis fin à notre conversation en disant qu'elle s'était plainte auprès de son supérieur, des gestes posés par le colonel Labbé à son endroit mais elle n'a pas indiqué quelle suite avait (éventuellement) été donnée à ses plaintes.
 

Pour terminer, j'aimerais mentionner qu'à deux reprises, pendant notre conversation, elle a signalé que le colonel Labbé lui avait dit qu'il ne voulait LA FORCER EN AUCUNE MANIÈRE, mais qu'il L'AIMAIT BEAUCOUP.
 

J'avoue ne pas savoir si le problème a été examiné ou pas, mais je sais que cette forme de harcèlement, si elle était confirmée, peut avoir des conséquences sérieuses pour le colonel Labbé et pour les FC en général.
 

Encore plus révélateur, le fait que, lorsque les étudiants ont été mis au courant des faits susmentionnés, ils n'ont pas semblé surpris du comportement du colonel Labbé. Au contraire, ils ont mentionné d'autres incidents dont ils ont été directement témoins; notamment :
 

Lorsqu'il était chef de bataillon à la BFC de Valcartier à la fin des années 80, le colonel Labbé a organisé le transport avec chauffeurs de tous ses officiers en tenue de combat à destination d'une boîte de striptease des environs. À titre d'information, le numéro d'une des danseuses, consistait à se vêtir de l'uniforme d'un officier.
 

Alors que nous attendions l'arrivée des autobus qui devaient nous mener à l'aéroport de la BFC de Trenton, le 4 mai 1996, plusieurs candidats au CCEFTC se sont mis à boire au MOFF, en présence du colonel Labbé. Lorsque les autobus sont arrivés, les officiers ont emporté leurs consommations à bord de l'autobus. À environ 20 km de la BFC de Trenton, les officiers qui avaient bu ont convaincu le conducteur de l'autobus militaire de se ranger afin qu'ils puissent uriner à l'extérieur. Le conducteur d'autobus a été contraint d'obéir et les officiers en question sont sortis de l'autobus et se sont mis à uriner le long de cet autobus des FC qui était garé en bordure de l'autoroute 401. Pour empirer les choses, certains de ces mêmes officiers ont emporté leur verre de Jack Daniels à l'intérieur de l'aérogare de la BFC de Trenton et se sont mis à boire pendant qu'ils attendaient que leur soit remise leur carte d'embarquement. Encore une fois, le colonel Labbé était présent, mais n'est pas intervenu.
 

Comprenez bien que je ne fait pas état de ces incidents pour que des mesures disciplinaires et/ou administratives soient prises. Je le fais plutôt car je crois que ces faits pourraient requérir une enquête approfondie en raison de leur portée, dans le cas où ils seraient confirmés. Deuxièmement, vu le caractère délicat de cette affaire, je crois qu'elle ne peut être traitée qu'à votre niveau de commandement. Enfin, sachez que plusieurs officiers de mon cours m'ont affirmé qu'ils n'hésiteraient pas à se servir de ces faits contre le colonel Labbé si ce dernier les laissait tomber.
 

Monsieur, je suis confiant que vous verrez ce geste comme un acte de loyauté envers vous et les FC, et non pas un acte déloyal envers un officier supérieur. Je crains que les manquements du colonel Labbé soient perçus par le public comme mes propres manquements et je ne peux accepter que de tels préjugés circulent. Voilà pourquoi j'ai cru bon aujourd'hui de vous faire part, à tout le moins, de mes préoccupations.
 

B. Poulin
Capitaine
Rédacteur de discours - G5

 

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