Réponse du Chef d'état-major de la Défense concernant l'étude de cas menée par le Bureau sur l'état des services de santé mentale de la BFC Petawawa

Le 27 octobre 2008

Madame Margaret Brandon
Directrice générale – Opérations
Bureau de l’Ombudsman de la Défense
nationale et Force canadiennes
100, rue Metcalfe, 12e étage
Ottawa ON K1P 5M1

 

Chère Madame Brandon,

Je vous remercie de votre lettre du 8 août 2008. Elle me donne l’occasion, avant que vous n’ayez terminé la rédaction de votre rapport, de commenter l’étude de cas de l’Ombudsman se rapportant aux services de santé fournis à la BFC Petawawa.

Cette étude a été examinée à fond par le Chef du personnel militaire (CPM), le Directeur général – Services de soutien au personnel et aux familles, le Médecin-chef et l’Aumônier général. Je joins à la présente une synthèse des commentaires sur les recommandations formulées dans le rapport.

Je relève que votre rapport se fonde sur une visite effectuée en novembre 2007 par l’ancien ombudsman. À la même époque, des officiers supérieurs de l’Armée de terre avaient fait part de préoccupations semblables, notamment de la difficulté éprouvée par des militaires de la BFC Petawawa à obtenir des services en santé mentale. Le CPM et le Médecin-chef ont donc procédé à une enquête approfondie sur la situation à la BFC Petawawa, et ils ont apporté diverses modifications qui correspondaient aux recommandations contenues dans votre rapport.

Ainsi je suis fort aise de vous signaler que les services fournis aux familles des militaires sont devenus une des grandes priorités du CPM et le seront assurément au cours des prochaines années. À ce sujet, j’entends lancer certaines initiatives pour procurer une gamme de services mieux structurée en services de soutien aux familles, mais aussi mieux intégrée aux programmes et aux mandats fédéraux et provinciaux actuels.

Je vous le répète, je suis heureux d’avoir l’occasion d’évoquer votre étude de cas afférent aux services de santé fournis à la BFC Petawawa. Pour toute question ou observation, n’hésitez pas à vous adresser au Bureau du Major-général Semianiw, CPM.

Sentiments distingués,

 

Le Général W.J. Natynczyk

Pièce jointe : 1


Commentaires sur les recommandations du MDN et des FC –Rapport intérimaire de l’Ombudsman intitulé Étude de cas de l’Ombudsman –Les services de santé à la Base des Forces canadiennes Petawawa

Recommandations :

1. Que les Forces canadiennes prennent immédiatement des mesures pour que le nombre de postes de prestataire réponde aux besoins de la Base des Forces canadiennes Petawawa compte tenu de sa taille, de ses activités et de son emplacement.

Réponse :

En 2003-2004, dans le cadre de l’Initiative Rx2000 sur la santé mentale des FC, on a analysé en détail les ressources nécessaires en santé mentale à chaque Centre de soins de santé des FC. Pour chacun d’eux, on a calculé le personnel professionnel et de soutien à affecter selon une formule fondée sur la clientèle desservie. Le tableau ci-dessous indique la clientèle militaire de Petawawa, Valcartier, Edmonton et Ottawa au début du projet ainsi que le nombre de psychiatres et de psychologues cliniciens et le nombre total d’employés en santé mentale nécessaires. On a affecté un personnel plus nombreux à Valcartier, Edmonton et Ottawa parce que, à titre de centres régionaux, ils mènent également des programmes de soins secondaires spécialisés en santé mentale, notamment un Centre de soutien pour trauma et stress opérationnels (CSTSO). Petawawa bénéficie d’un soutien secondaire de la clinique et du CSTSO d’Ottawa.

BFCPopulation de la BFC (2004)PsychiatresPsychologuesPersonnel total en santé mentale d'ici 2009
Petawawa 4464 2,2 4 31,7
Valcartier 5940 3,2 9 45,2
Edmonton 4443 3,3 5 38,3
Ottawa 6136 3,5 6 38,5

Le programme Rx2000 initial établissait à 31,7 employés le besoin en santé mentale de Petawawa d’ici le 31 mars 2009. Or, en août 2008, la clinique n’en comptait que 18. Ç’a été un défi d’embaucher d’autres prestataires, vu la pénurie de professionnels dans ce domaine au Canada et la difficulté de trouver des professionnels disposés à se relocaliser à cet endroit petit et relativement isolé. On a eu peu de succès avec des pratiques d’embauche innovatrices : horaire de travail variable, hausse de salaire et boni lors de l’engagement. On poursuivra un effort concerté pour en recruter d’autres.

Entretemps, un travailleur social militaire s’est ajouté à la base de Petawawa et d’autres militaires y seront affectés au fur et à mesure qu’ils seront disponibles (à titre d’exemple, un psychiatre militaire y sera en poste en 2009 lorsqu’il aura terminé ses études et qu’il aura été agréé comme praticien). Par ailleurs, la clinique de santé mentale d’Ottawa a accru le soutien qu’elle accorde à Petawawa. Ainsi, chaque semaine un psychiatre militaire vient y prodiguer des services généraux en santé mentale pendant une journée; de plus, un travailleur social, un psychologue et un psychiatre civil relevant du programme du CSTSO d’Ottawa viennent prodiguer des soins thérapeutiques deux jours par semaine, en rotation dans un calendrier de trois semaines. En outre, la clinique d’Ottawa explore des traitements psychiatriques à distance pour multiplier les services qu’elle rend à Petawawa et ailleurs.

2. Que les Forces canadiennes créent et approvisionnent en ressources une organisation nationale qui, en collaborant s’il y a lieu avec des organismes externes et tous les ordres de gouvernement, donnerait aux familles de militaires et à leurs membres accès à toute la gamme des services et des soins dont ils ont besoin.

Réponse :

Les FC continueront à cultiver leurs relations avec d’autres ministères fédéraux, avec les ministres de la Santé provinciaux ainsi qu’avec d’autres organismes et organisations prodiguant des services et des programmes de santé mentale aux familles des militaires. Le Chef du personnel militaire, par l’entremise de son Directeur général – Services de soutien au personnel et aux familles, veillera à approfondir ces liens.

Pour mieux s’acquitter de ses responsabilités (et de d’autres) et dans le dessein plus vaste d’améliorer les services offerts aux familles de militaires, le Directeur général – Services de soutien au personnel et aux familles mettra sur pied un Secrétariat national des familles des FC; celui-ci aidera ces dernières à rechercher services et ressources, recensera les problèmes systémiques ou nouveaux que connaissent les familles et, enfin, assurera le lien et des représentations auprès d’organismes externes et tous les ordres de gouvernement nécessaires.

Pour aider la BFC Petawawa à recenser les besoins et lacunes de ses familles en santé mentale, le personnel du Directeur général – Services de soutien au personnel et aux familles a réuni chez lui en juillet 2008 tous les intervenants du domaine, notamment des représentants de ministères ontariens, du personnel d’Anciens Combattants Canada de même que des prestataires de services de santé mentale de la collectivité et des FC. Le directeur général s’appuie sur les résultats de cette consultation pour continuer à soutenir les activités de la collectivité visant à procurer une gamme de soins aux familles de militaires.

3. Que les Forces canadiennes fournissent en permanence les ressources locales permettant à la BFC Petawawa de se mettre en rapport avec les organismes locaux et des administrations municipales pour identifier et coordonner les soins dont les familles de militaires et leurs membres ont besoin et qui leur sont offerts.

Réponse :

Le Directeur général – Services de soutien au personnel et aux familles verse au Centre de ressources familiales Petawawa des fonds publics pour qu’il évalue les besoins de la communauté et des familles, tienne un inventaire complet des ressources locales disponibles et recense au fur et à mesure les lacunes en matière de services.

De plus, dans le dessein plus vaste d’accroître les services donnés aux familles de militaires, le directeur général rémunérera un officier de liaison avec les familles par l’entremise des Centres de ressources familiales, à l’appui des Unités interarmées de soutien au personnel que l’on met sur pied à divers endroits au sein des FC, y compris à Petawawa. Ce personnel jouera un rôle clé pour ce qui est de recenser et de coordonner les soins fournis sur place aux familles.

4. Que les Forces canadiennes trouvent des mécanismes provisoires pour procurer sur place les soins de santé indispensables d’ici à ce que des solutions à long terme soient mises en place.

Réponse :

On l’a déjà dit, la clinique de santé mentale d’Ottawa a mis au point certaines solutions provisoires pour accroître son soutien à Petawawa, notamment y dépêcher un psychiatre militaire un jour par semaine ainsi qu’une petite équipe du CSTSO deux jours par semaine moyennant rotation aux trois semaines, sans parler de soins de télépsychiatrie. Le Médecin-chef continuera d’examiner le besoin d’un soutien supplémentaire à Petawawa.

5. Que les Forces canadiennes paient une assistance supplémentaire en matière d’administration et d’activités afin que les aumôniers répondent plus efficacement aux besoins religieux des militaires et de leurs familles.

Réponse :

Les Services de santé font l’objet d’un contrôle central (de la part du DGS SAN), mais par les Services d’aumônerie. Chaque poste d’aumônier et toutes les ressources entourant un Service d’aumônerie appartiennent au commandant local et sont contrôlés par lui. Pour tout service supplémentaire, on doit puiser dans les ressources locales. Toute ressource supplémentaire pour de l’assistance en matière d’administration et d’activité destinée à l’équipe d’aumônerie et mentionnée dans le rapport préliminaire ressortit à un besoin local d’un commandant et devrait être planifiée selon le processus habituel avant d’être affectée.

Durant la planification de chaque déploiement, l’aumônier principal tant opérationnel que stratégique est invité à s’informer auprès de l’aumônier tactique de la façon dont l’équipe d’aumônerie arrière assurera un niveau acceptable de services à la base et aux unités, y compris des activités à la chapelle de la base. Depuis le début de la Force opérationnelle en Afghanistan, les aumôniers de tous les niveaux ont avisé leur commandant de la nécessité d’assurer des services de qualité à leur chapelle et à leur base. Sans exception, les commandants ont procuré des ressources financières abondantes aux responsables de l’aumônerie afin de renforcer leur équipe pendant que l’aumônier d’une unité était affecté ailleurs. Constamment et sans exception, les commandants fournissent aux dirigeants de l’équipe d’aumônerie les ressources qu’ils réclament, de sorte qu’on a chaque fois remplacé l’aumônier affecté ailleurs en embauchant un aumônier de la Réserve ou civil. Il importe de ne pas l’oublier dans les commentaires entourant les recommandations de l’Ombudsman.

Les activités d’aumônerie militaire sont coordonnées et réalisées sous la direction immédiate de l’aumônier principal. De par la nature même d’une communauté de foi, ces activités sont confiées à des bénévoles de cette dernière. C’est là une réalité fondamentale de toute communauté de foi, qu’elle soit civile ou militaire. Bien que l’Ombudsman suggère aux FC de fournir des ressources financières pour augmenter le nombre de bénévoles affectés ailleurs, cette recommandation serait très difficile à concrétiser, et elle pourrait donner lieu à des défis considérables et nouveaux relativement à d’autres bénévoles. Une communauté de foi est une entité particulière au sein d’une base militaire. Ce qui pourrait sembler une solution générale pourrait entraîner de sérieux problèmes à long terme. Dans toute organisation, une fois qu’une activité a été mise en place, on s’attend ensuite à ce qu’elle soit maintenue. Proposer que des activités d’aumônerie soient confiées à du personnel salarié, même à temps partiel, ne tient aucunement compte de la réalité et du fonctionnement d’une communauté de foi relativement à ses fidèles.

Une communauté de foi militaire est un élément dynamique dans tout ce que procure un aumônier à des militaires et à leurs familles. Une communauté semblable dans le monde civil bénéficie de professionnels rémunérés pour l’exécution de ses activités, mais uniquement si elle est considérable. Les petites sont rarement en mesure de financer de telles activités; quant aux chapelles militaires, elles sont tellement petites, c’est évident, que pour de nombreuses raisons, ce ne saurait être là une option viable.

En dépit des préoccupations susmentionnées, l’aumônier d’une base est capable d’identifier les ressources nécessaires pour fournir des services de grande qualité aux familles des militaires. Ces préoccupations et la recommandation figurant dans le rapport de l’Ombudsman peuvent être transmises aux dirigeants des équipes d’aumônerie, ceux-ci étant en mesure d’obtenir toutes les ressources dont ils pourraient avoir besoin pour assurer des services adéquats à ce chapitre, y compris pour les activités de leur chapelle. L’expérience montre qu’un commandant, à quelque niveau de la chaîne de commandement, s’empresse toujours de procurer à l’aumônier toutes les ressources indispensables à des services d’aumônerie de grande qualité.

6. Que les Forces canadiennes mettent en place une structure de gouvernance claire aux fonctions et aux responsabilités précises qui soit chargée de fournir des soins multidisciplinaires réels et efficaces aux militaires de Petawawa et à leurs familles.

Réponse :

On a revu la gouvernance et le fonctionnement des services de santé mentale fournis par les cliniques des FC; à présent, on les a bien définis et on a communiqué le résultat à leurs dirigeants et à leurs professionnels. Au moment de la visite de l’Ombudsman, le problème qui se posait à Petawawa était un conflit en milieu de travail et il tenait principalement à un employé qui ne travaille plus à la clinique. De plus en février 2008, un major Officier de service social a été nommé à sa tête pour diriger les services cliniques et ainsi réduire le stress ambiant. En 2009, on y a affecté un psychiatre militaire pour en rehausser le professionnalisme et la capacité clinique. Sur le plan national, le Médecin-chef achève de rédiger une directive d’ordre professionnel et technique énonçant des principes clairs d’interdisciplinarité et de supervision s’appliquant aux services de santé mentale.

7. Que les Forces canadiennes adoptent des mesures concrètes pour aider les prestataires de la communauté de Petawawa à réinstaurer des relations interpersonnelles et interdisciplinaires empreintes de courtoisie, de respect, de confiance, de coopération et de soutien.

Réponse :

En septembre 2007, le Médecin-chef a été informé de gestes interpersonnels non professionnels, posés par quelques prestataires de soins de santé mentale à la clinique de Petawawa; il y a donc ordonné une Visite d’aide d’état-major (VAEM). À l’occasion de son constat, l’équipe responsable de la visite a exigé des mesures correctives de la part de la chaîne de commandement du Groupe des Services de santé des FC. Entre autres mesures, on a renvoyé un membre du personnel et on a nommé un nouveau directeur de la clinique tandis que la clinique de santé mentale et les CSTSO d’Ottawa ont accentué leur supervision. De plus, on envisage d’affecter un psychiatre militaire à la clinique en 2009. Par ailleurs, le Médecin-chef adjoint de même que les hauts responsables des soins en santé mentale au QG du Groupe surveillent de près la situation. On prévoit tenir des ateliers pour aider le personnel à acquérir des aptitudes à travailler en équipe. À titre d’exemple, l’atelier national de formation en santé mentale des FC, qui si tiendra à Toronto en février 2009, portera principalement sur les soins interdisciplinaires et l’apprentissage du rôle à y jouer. Enfin, en septembre 2008, le personnel de Petawawa suivra à l’Université McMaster un enseignement de quatre jours et demi sur l’entraînement cognitif et comportemental.

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