Lettre au commandant de la base : visite à la BFC Kingston

Le 29 mars 2018

 

Colonel J.G.P. Lemyre
Commandant de la Base des Forces canadiennes Kingston
C.P. 17000, succursale Forces
Kingston (Ontario)  K7K 7B4

 

Colonel Lemyre,

La présente vise à faire le suivi de notre visite à la Base des Forces canadiennes Kingston, du 19 au 22 février 2018. Lors de notre visite, mon personnel et moi avons eu le plaisir de rencontrer des militaires, des membres des familles de militaires et des employés civils du MDN et des employés, des fonds non publics et du Programme de soutien du personnel. Les commentaires que nous avons recueillis lors de ces rencontres nous ont aidés à dresser un portrait de ce qui fonctionne bien à la base et de ce qui peut être amélioré.

La présente lettre approfondit le compte rendu que je vous ai fait, ainsi qu’au sergent-major, l’adjudant-chef Aman, à la fin de ma visite, et elle fait ressortir certains points importants que nous avons notés. Je suis conscient que vous et votre personnel êtes au courant de ces problèmes et mon bureau est prêt à vous aider si vous souhaitez faire le suivi d’un de ces sujets. Je crois fermement que la collaboration et l’échange de pratiques exemplaires peuvent apporter des changements positifs durables.

BGRS

Lors de notre visite, mon équipe a perçu beaucoup d’inquiétude au sujet des réinstallations gérées par BGRS. Parmi les problèmes, on compte les délais dans l’envoi des cartes ReloCard rechargeables à solde dégressif, un manque d’assistance en ligne, un manque de matériel de formation et des problèmes de remboursement dans les dossiers de réinstallation antérieurs au nouveau contrat. Des préoccupations similaires ont fait surface lors de récentes visites à d’autres endroits et mon bureau prend des mesures pour approfondir la Direction générale – Rémunération et avantages sociaux.

Phénix et dotation civile

Lorsque mon équipe a rencontré le personnel civil du MDN, nous avons entendu des plaintes au sujet des délais dans le processus de classification, des descriptions de travail expirées et des griefs connexes. Ces problèmes sont fréquemment exprimés lors de nos rencontres avec les groupes concernés partout au Canada. Ils peuvent avoir une grave incidence sur les employés et leurs familles. Mon bureau entamera une enquête systémique pour étudier l’enjeu de la classification des postes civils et des griefs de classification.

Dans plusieurs cas, les gestionnaires militaires et civils ont identifié les exigences de bilinguisme comme des obstacles à la dotation de postes allant de l’appui administratif aux spécialités médicales et psychosociales. Dans certains cas, nous avons appris que des postes étaient restés vacants des années durant à cause de l’impossibilité de trouver du personnel bilingue, malgré le fait que les clients sont en majeure partie de langue anglaise. Mon bureau s’adressera au sous-ministre adjoint (Ressources humaines - Civils) pour déterminer les options possibles afin de faciliter les efforts de dotation tout en assurant le maintien de l’accès aux services dans les deux langues officielles pour la communauté de la défense.

Nous recevons encore des plaintes au sujet du système de paye Phénix lors de nos rencontres avec nos commettants. J’encourage les personnes touchées par des problèmes de paye de continuer d’utiliser le processus de plainte en matière de rémunération et de contacter mon bureau si elles sont incapables de résoudre leurs problèmes.

Indemnités et instruction

Lors de nombreuses réunions, on nous a fait part de préoccupations au sujet des retards liés à l’instruction et aux indemnités. Mon équipe a appris que les militaires faisant partie des effectifs en formation élémentaire peuvent attendre très longtemps leur instruction, ce qui nuit au moral et au rendement. Nous avons aussi appris que de la formation supplémentaire sur les prestations et indemnités aiderait les militaires à choisir les options qui correspondent à leur situation personnelle et familiale (ex. : dissociation des vivres et du logement, prestations et limites applicables aux mutations sous réserve).

Mon équipe a aussi entendu des inquiétudes sur l’admissibilité aux indemnités. Plus précisément, des instructeurs du Quartier général du Centre de la doctrine et de l’instruction de l’Armée canadienne ont passé beaucoup de temps en campagne n’ont pas droit à l’indemnité de service en campagne (ISC). Vu le temps passé loin de leur famille, les instructeurs ont indiqué que cela affecte leur moral et peut dissuader des militaires d’occuper des postes d’instructeur.

Infrastructures

Mon équipe a entendu de nombreuses plaintes au sujet des infrastructures partout dans la base. Plusieurs de ces problèmes posent un risque potentiel pour la santé et la sécurité des usagers. Les préoccupations soulevées comprennent les toits qui coulent, les problèmes de climatisation, l’absence d’une politique de recyclage pour la base et les bâtiments de la base non accessibles aux fauteuils roulants. Mon bureau portera ces enjeux à l’attention du sous-ministre adjoint (Infrastructure et environnement).

Internet sans fil

L’accès déficient à l’internet sans fil préoccupe de nombreuses personnes. Mon équipe a appris que l’accès wi-fi dans la chapelle, le Centre de ressources pour les familles des militaires, le gymnase et le musée est essentiel à la prestation des services et du soutien requis aux membres de la communauté de la défense. On nous a dit que des raisons de sécurité ont été évoquées pour justifier l’accès limité au wi-fi à ces endroits. Cependant, il semble que l’internet sans fil soit offert au Collège militaire royal et que d’autres bases et escadres permettent l’accès internet sans fil.

Accès aux gestionnaires des carrières

Mon bureau sait que les gestionnaires des carrières ont souvent une charge de travail élevée et qu’il est essentiel pour la chaîne de commandement de prendre part aux discussions liées aux changements dans la situation personnelle ou familiale des militaires qui peuvent avoir une incidence sur les possibilités d’affectation des militaires.

Toutefois, mon équipe a appris que dans certains cas, les militaires sont incapables de soumettre des problèmes urgents directement à leur gestionnaire des carrières. On a dit à mon équipe que le réseau de soutien des membres des FAC (c.-à-d. leur aumônier) devrait être en mesure de contacter le gestionnaire des carrières directement si un militaire a besoin de soutien additionnel.

Après notre visite, nous avons obtenu des précisions auprès du Directeur – Carrières militaires, qui a confirmé que les militaires peuvent contacter leur gestionnaire des carrières directement pour l’aviser d’un changement à leur situation. Mon Équipe d’éducation et Collaboration développera des produits information visant à informer nos commettants des étapes à suivre lorsque la situation personnelle ou familiale d’un militaire peut avoir une incidence sur ses possibilités d’affectation.

Inconduite sexuelle

Nous avons entendu beaucoup de commentaires sur les impacts positifs de l’opération Honour. Cependant, des préoccupations ont été soulevées concernant l’application régulière de la loi pour les personnes accusées d’agression sexuelle, surtout quant à la durée de l’enquête sur les allégations d’agression et le traitement équitable de la personne accusée pendant l’enquête.

Un autre sujet de préoccupation est le manque d’indépendance et de confidentialité apparent du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle (CIIS).Selon ce que nous avons appris, certaines personnes estiment que les membres qui s’adressent au CIIS ne devraient pas avoir à donner leur nom et leur grade, car ces renseignements sont transmis à la chaîne de commandement. Nous contacterons le CIIS pour clarifier la question.

Nous avons aussi appris que l’ordre récent du chef d’état-major de la défense sur la conduite professionnelle doit être clarifié. On nous a dit que les superviseurs ont besoin de consignes supplémentaires sur la façon de procéder lorsqu’ils font face à une situation de conduire non professionnelle, comme des activités sur les médias sociaux avant l’entrée en service d’un militaire.

Centre de ressources pour les familles des militaires

Les membres des familles et le personnel du CRFM ont soulevé certaines préoccupations lors de nos rencontres. En voici une liste non exhaustive : le refus des bourses d’études postsecondaires à cause d’un changement de province de résidence après la mutation, les coûts plus élevés pour faire des études postsecondaires à l’extérieur de la province, l’insuffisance des ressources bilingues, les difficultés pour les conjointes et conjoints à décrocher un emploi et les problèmes de réciprocité entre les provinces concernant les licences/accréditations, la difficulté à trouver un médecin de famille, les listes d’attente trop longues pour obtenir des soins médicaux et des soins pour besoins particuliers et les délais pour obtenir un soutien aux enfants à besoins particuliers après la mutation. Puisque la plupart de ces problèmes relèvent de compétences provinciales, mon bureau a contacté le député M. Gerretsen, afin qu’il contribue à la sensibilisation à l’égard des difficultés vécues par les familles militaires et à la promotion d’initiatives qui amélioreront leur bien-être.

Services de santé et santé mentale

En discutant avec le personnel des services de santé et santé mentale, mon équipe a appris que beaucoup d’initiatives contribuent à la santé et au bien-être des membres des FAC. Par exemple, la nouvelle clinique du Collège militaire royal (CMR) améliore l’accès des étudiants à des soins médicaux. Un groupe de résilience du RMC offre un soutien important aux étudiants qui rencontrent des difficultés dans leur formation. Nous avons appris que la clinique de la base a reçu pour tâche de mettre sur pied un programme similaire pour le personnel en attente d’instruction à l’École d’électronique et des communications des Forces canadiennes.

Le personnel de la clinique a indiqué que la communication et les partenariats avec les dirigeants de la base sont incroyablement bénéfiques. On nous a aussi dit que malgré les pénuries de personnel, l’accès aux services s’est amélioré, ce qui a engendré des effets positifs observables chez les patients.

Les stigmates entourant l’accès à des soins de santé mentale persistent, et mon équipe a appris qu’une croyance répandue chez les militaires est que s’ils demandent de l’aide en santé mentale, ils seront exclus de certains déploiements et affectations. Mon bureau encourage fortement les militaires à obtenir du soutien en santé mentale au besoin. Nous sommes toujours prêts à contribuer à la promotion d’initiatives en santé mentale et à la sensibilisation.

On nous a aussi fait part d’insatisfaction quant au Programme de retour au travail (PRT). On a suggéré qu’un militaire du PRT qui effectue un changement de métier dans le cadre de sa réintégration devrait avoir le droit de rester à son poste du PRT jusqu’au début de sa formation, au lieu d’être ajouté aux Effectifs en formation élémentaire. Cette suggestion est digne de considération, puisque l’intention derrière le PRT est d’offrir un milieu de travail positif favorisant le retour en service.

Le parcours

Tout au long de notre visite, nous avons entendu les questionnements sur l’initiative Le parcours. Il semble y avoir un fossé entre le message stratégique et l’expérience vécue par les militaires au niveau tactique. Les militaires aimeraient qu’on leur donne plus d’information sur l’avancement et les jalons projetés de l’initiative Le parcours.

En dépit des préoccupations soulevées, un message récurrent que nous avons entendu lors de notre visite est qu’un changement de culture positif s’opère et que les dirigeants du MDN/des FAC ont à coeur l’amélioration des conditions et du bien-être des militaires et employés civils.

Je reconnais qu’un bon nombre de ces problèmes sont, dans une certaine mesure, au-delà de vos compétences. Cela dit, je vous invite à continuer de vous attaquer aux problèmes locaux de la 4e Division du Canada. N’hésitez pas à faire appel à mon équipe et à moi-même au besoin. Entretemps, nous aborderons avec les dirigeants du MDN et des FAC plusieurs des problèmes ci-dessus et nous entamerons des examens systémiques dans certains cas.

En conclusion, j’aimerais exprimer ma sincère gratitude pour l’accueil et le soutien que nous avons reçus tout au long de notre visite. Les représentants de chaque cadre qui ont accueilli mon équipe, ont facilité l’installation du matériel, et ont servi de guides ont joué un rôle clé dans le succès de cette rencontre avec nos commettants.

Veuillez agréer, Colonel Lemyre, mes salutations distinguées.

L’Ombudsman,

 

Gary Walbourne

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